Une route s'ouvre devant nous
Une route faite d’inconnues et de peurs. La société occidentale rêvait de prospérité, de progrès et de bonheur sans limites. Voilà qu'elle se trouve mise à mal par une pandémie, des tensions internationales, et un climat qui se dérègle de plus en plus.
Une route s’ouvre devant nous. Une route faite d’incertitudes et de questions sans réponses, de valeurs nouvelles ou disparues. Les repères sont bousculés entre les races, les cultures, les spiritualités et même la sexualité. Tous égaux a fini par rimer avec tous pareil. Mais ce nivellement par le bas a fait apparaître un profond malaise. Le droit à la différence se traduit aujourd'hui par des tensions insoutenables.
Une route s’ouvre devant un homme qui se prénomme Jésus. 12 disciples l’entourent. Ils viennent d’horizon divers même s’ils sont tous juifs : des pêcheurs, un collecteur d’impôt, un pharisien, un zélote et même un traître ! Derrière eux, une foule plus bigarrée encore : un centurion romain, une Syro-Phénicienne, des Grecs, des Samaritains, une femme adultère, des lépreux guéris, des paralytiques qui marchent, des pauvres, des riches, des femmes, des hommes, des enfants, des vieillards. Venus d'horizons, de races et de cultures différentes, tous sont réunis autour de celui qui se révèle être Fils de Dieu. Une paix les a saisis. Une espérance les a rassemblés. Une joie leur a redonné le goût du partage. Une confiance en Dieu a fait naître des amitiés par-delà les frontières.
Les routes qui mènent à Dieu sont multiples. Pour Jésus, elle a passé par la mort. Une route difficile qui a senti la sueur, la peur et la souffrance. Mais malgré le scandale de la croix, c'est la mort elle-même qui a perdu son pouvoir. Le Fils de l'homme a vaincu la mort. Dieu s'est rendu maître de la vie et de la mort.
Une route s’ouvre devant nous. Temps de carême. Au-delà d’une tradition qui voudrait que l’on se prive de manger ou de toute autre chose, ce temps veut nous inviter à prendre conscience de l’irruption de la Grâce dans notre vie, de notre rapport au monde et à Dieu.
Dans ce temps d’incertitude, Carême n’est-il pas une occasion de nous poser sinon face à Dieu, en tout cas face à soi-même ? Retrouver le chemin de l’autre et du Tout-Autre, un chemin qui nous montre combien la différence est une richesse qui se partage. C’est un chemin d’Amour et comme nous le rappelle Jean dans sa lettre, l’Amour bannit toute peur (1 Jean 4/18).
Romain Schildknecht, pasteur