Paroisse Protestante de Soultz-sous-Forêts,

Lobsann, Retschwiller

Extraits du registre des délibérations du Conseil Municipal de Lobsann (1er novembre 1832 et 29 septembre 1834)

Extraits du registre des délibérations du Conseil Municipal de Lobsann de29 septembre 1834

Lobsann

En 1347 Lobsann qui s'appelait à cette époque Lubesa, faisait partie de la Baronnie des Fleckenstein : une moitié du village était la propriété du bailliage de Soultz, l'autre celle du bailliage de Niederkutzenhausen.

Suite à l'extinction des Fleckenstein, la moitié nord du village passe en 1720 aux Rohan- Soubise, la partie sud fut cédée à la couronne de Suède, pour devenir par la suite propriété des Hanau-Lichtenberg.

En 1753 l'ingénieur des Salines de Soultz, Georges Chrétien Rosentritt découvre dans le sous-sol la présence d'asphalte. Son exploitation cessera vers 1950.

En 1872, Josef von Stichaner, Kreisdirektor (Sous-Préfet) à Wissembourg fait construire sa résidence à Lobsann et fera aménager par le botaniste créateur de la Place de la République de Strasbourg le petit parc attenant à sa demeure.

L'église de Lobsann a été construite en 1837

Pour en savoir plus au sujet des pierres tombales

Friedrich von Fleckenstein, mort en 1568

LES VITRAUX

Les vitraux du choeur datent de 1912 et 1951. Sur un certain nombre de pierres de la voûte du choeur et des contreforts extérieurs sont taillés des tâcherons "signature" des tailleurs de pierre.

L'église sert aujourd'hui de lieu de culte à la paroisse protestante de Soultz, comprenant les localités de Soultz, Retschwiller et Lobsann.

D'autres vestiges des Fleckenstein sont :

• le château du Fleckenstein près de Lembach

• des pierres tombales à :

l'église protestante de Hohwiller (sacristie)

l'église protestante de Buhl (près de Hatten)

l'église protest ante de Weiterswiller (près de Bouxwiller)

l'église Saint-Georges à Haguenau

LES PIERRES TOMBALES

Un certain nombre de seigneurs de Fleckenstein sont enterrés à Soultz, peut-être dans le choeur de l'église. D'autres ont leurs sépultures à Weiterswiller, Buhl et Haguenau. 8 pierres tombales, martelées sont encastrées dans le mur du choeur ; ce sont les pierres tombales des personnes suivantes :

• Jacob II von Fleckenstein et son épouse Barbara von Ingelnheim, décédés à huit jours d'intervalle en décembre 1526 (voir p. 5 et 6). La tombe de Jacob II von Fleckenstein porte l'inscription suivante: "En l'an de grâce 1526, le dimanche après la St-André, le deuxième jour du mois de décembre décédait le noble chevalier Jacob von Fleckenstein, un vogt à Germersheim. Que Dieu garde son âme !". La pierre tombale de droite, celle de son épouse Barbara von Ingelnheim, la mieux conservée d'entre toutes, est gravée d'une épitaphe en lettres gothiques: "Et le samedi après la St-André, en l'an de grâce 1526, le huitième jour du mois de décembre, disparut également la noble et fidèle épouse Barbara von Ingelnheim". Le centre de la pierre est occupé par les armoiries de la défunte, le blason des Ingelnheim .

• Friedrich von Fleckenstein, Mort en février 1568. Il s'était fait construire un château à Hohwiller. Il prit part à trois batailles importantes de son époque Nannstein (1523), Pavie (1525) et Rome ( 1527). "En l'an de grâce 1568, le 27 février, décédait le noble héritier Friedrich von Fleckenstein que l'on nommait le Jeune, de Hohwiller. Puisse le Tout Puissant pardonner à son âme". Il restera sans descendance et n'avait jamais renié la foi catholique. Sa pierre tombale le représente en pied, revêtu de son armure, avec sa lansquenette au côté (une épée à double tranchant dont s'armaient tous les lansquenets) et son casque posé près du pied gauche. Les sculptures ont été martelées au maillet. Dans les quatre coins de la pierre sont taillées les armes de ses grands-parents : en haut : von Fleckenstein et Boyer von Bleyberg, en bas: von Andlau et von Duggesheim.

• Anna van Dalberg, son épouse, est la fille de Volfgang der Lange, Kaemmerer von Worms et d'Agnès von Sickingen, soeur de Franz von Sickingen. Sa pierre tombale la représente en pied, vêtue d'une longue robe, les mains jointes sur la poitrine. Son épitaphe: "En l'an de grâce 1563, le 15 septembre décédait la noble et vertueuse Dame Anna von Dalberg, épouse de Friedrich. Puisse le Tout Puissant pardonner à son âme". Les armes: en haut: von Dalberg et von Sickingen en bas : von Greifenau et Puller von Hohenburg.

• Philippe et son épouse

Philippe était marié avec Jacobea von Dürckheim, de la puissante famille de Lorraine, mais n'a laissé aucune descendance connue. Sa pierre tombale porte l'épitaphe suivante "En l'an de grâce 1551, à la St-Mathias le 24 février, décéda le noble et héritier Philipp von Fleckenstein. Que Dieu soit bon et miséricordieux pour son âme l".

• Jacob III et son épouse

Jacob III avait épousé Gertrude Kaemmerer von Worms, dite Dalberg, d'une famille très souvent liée par alliance aux Fleckenstein. A sa mort, il laissera deux enfants : un fils Heinrich IX qui habitera le château de Soultz jusqu'à sa mort en 1605 et une fille Régine qui sera l'épouse de Heinrich von Dienheim. Leur pierre tombale énonce qu'en l'an de grâce 1552, le 26 décembre, jour de la Saint-Etienne, décéda le noble et héritier Jacob von Fleckenstein, et que onze ans après, "le 14 mars 1563 décéda la noble et vertueuse dame, Gertrud Kaemmerer von Worms dite de Dalberg, puisse le Dieu Tout Puissant pardonner ! "

• La pierre tombale de Gertrude d'Ettendorf

La pierre tombale à l'extrême droite du choeur est la mieux conservée. Elle est ornée d'une grande croix tréflée à laquelle est accrochée, comme à un arbre de vie, le blason des sires d'Ettendorf (un aigle). Le pourtour de la dalle étant partiellement ébréché, la lecture de l'épitaphe latine s'avère délicate. On décrypte néanmoins que le 3ème jour avant la Chandeleur (31 janvier) 1302, décéda la noble dame Gertrude, fille d'Eberhard d'Ettendorf, épouse de Wolfram de Fleckenstein. Il s'agit donc de l'épouse de Wolfram II de la ligne aînée des Fleckenstein (future lignée des Dagsthul) vraisemblablement décédé en 1317, et dont la dalle funéraire est actuellement visible à Niederhaslach.

• La pierre énigmatique (mur extérieur côté sud du choeur)

A l'extérieur du choeur, entre les contreforts côté sud, à gauche de la petite porte gothique, est apposée une pierre énigmatique. Elle porte en tête, pour seul ornement deux blasons: celui des Fleckenstein (trois barres) et celui des Andlau (une croix) Sans doute existait-il autrefois une inscription sur sa partie intérieure donnant ainsi un sens à cette pierre. Mais comme cette inscription a disparu depuis longtemps, on se perd en conjecture. S'agit-il de la dalle funéraire d'un enfant ou d'une pierre commémorative d'un mariage entre ces deux familles nobiliaires? A deux reprises une telle union fut célébrée. En effet, Eberhard 11 d'Andlau (décédé avant 1264) était marié avec Adélaïde de Fleckenstein, fille de Henri de Fleckenstein et Cunégonde de Baerendorf (ou Ettendorf ?) Et de même Véronique d'Andlau (décédée en 1496) était l'épouse de Jacques de Fleckenstein (décédé en 1514). Mais vue la facture des blasons, cette pierre doit se rattacher à la première union établie au 13ème siècle.

• La pierre tombale de F. A. Philbert

François Antoine Philbert avait été nommé prêteur royal à Landau le 10 décembre 1755. Il fut investi de la saline de Soultz sous forme d'un bail de 99 ans par le prince maréchal de Rohan le Il janvier 1764. Ilentreprit de grands travaux et donna à la saline sa première période de grande expansion. Philbert fut directeur de l'établissement durant 12 années (voir p. 27). Il décéda le 26 décembre 1778 et fut enterré au vieux cimetière de Soultz, qui se situait alors à la sortie de la bourgade vers Wissembourg, du côté gauche de la route. Ce cimetière ayant été abandonné dès 1825, au profit de l'emplacement actuel, l'"Altertumsverein" de Wissembourg, une société d'histoire locale, par mesure de sauvegarde transféra la pierre tombale et la fit apposer au mur extérieur du clocher de l'église en 1908.

L'EGLISE PROTESTANTE

Nous ne savons rien de sa construction. Si l'inscription d'une clé de voûte est une date, elle permet de conclure que la construction de l'église était achevée au début du l ôème siècle. Elle fut consacrée à St Pierre et à St-Paul, sans doute conune une fondation de l'abbaye de Wissembourg. Sur une clé de voûte est représenté St-Pierre, tenant la Bible et la clé. En août 1719, la foudre met le feu à l'église. La tour et la nef furent reconstruites en 1730.

L'église fut rénovée en 1912/13: à cette époque la maison Walcker de Ludwigsbourg construisit l'orgue, auquel fut ajouté un positif en 1961. L'arc cintré a été remplacé par un arc brisé, la chaire déplacée sur le côté droit. Les boiseries du choeur et le rétable ont été installés à la même époque.

Trois cloches, de 1874 et 1923, se trouvent dans le clocher.

LA PAROISSE DE SOULTZ

A l'origine, le village de Soultz se trouvait sans doute au lieu dit "Mauerfeld" (à l'ouest de l'actuelle commune). La paroisse appartenait primitivement à l'archevêché de Cologne qui, dès 1274 la donna en fief aux Fleckenstein, en commun avec les Hohenbourg. La ruse et l'habilité de Henri de Fleckenstein lui ont permis de se faire donner en propriété en 1346 par l'archevêque les lieux de Soultz, Hermerswiller, Retschwiller, Meisenthal, Memmelshoffen et la moitié de Lobsann ; ces villages réunis forment à ce moment-là une paroisse, ce groupement étant nommé le "Kirchspiel". La même année, l'empereur Louis de Bavière confère à Soultz le titre de "ville de franchise", citée choisie pour être le chef-lieu de la seigneurie. Le seigneur obligea alors la population à se déplacer du Mauerfeld et à résider près du château de Soultz, construit sur la rive du Seltzbach. De ce château, sis derrière l'actuelle halle du marché, il ne subsiste rien. Au cours de leur histoire, les Fleckenstein se sont divisés en trois lignées, celle des Fleckenstein-Bickenbach-Soultz étant celle qui exercera son autorité sur Soultz. Etendant leurs territoires, ils se diviseront en 6 bailliages : Fleckenstein (Lembach), Soultz, Roderen, Roppenheim, Kutzenhausen et Weiterswiller (près Bouxwiller), le tout comprenant 35 villages.

En 1543, avec l'accord de ses frères, Henri VlII de Fleckenstein introduit à Weiterswiller, la réforme luthérienne; de là, elle s'étend aux autres possessions. Cette date est marquée dans l'un des vitraux de l'église de Soultz.

Les terreurs de la Guerre de Trente Ans réduisent la région en ruines et chassent les habitants dans les forêts.

Pour relever la moralité et la piété de leurs sujets, les Fleckenstein font rédiger successivement trois "Kirchenordnungen", (disciplines ecclésiastiques) règles de foi et de piété.

En 1648, l'Alsace est rattachée à la France. Le culte catholique est réintroduit dans bon nombre de paroisses qui avaient passé en bloc à la Réforme. En 1693 est créée une "paroisse royale catholique" à Soultz. Dès 1696, l'église de Soultz sert de lieu de culte aux deux confessions, jusqu'en 1909 date à laquelle la paroisse catholique prend possession de sa nouvelle église. Le simultaneum est abrogé la même année.

Le dernier Fleckenstein meurt en 1720. Sa pierre tombale se trouve à l'église protestante de Buhl. Le bailliage de Soultz est donné en gérance à Hercule Mériadec de Rohan, prince de Soubise, frère du Cardinal de Rohan. En 1787, le fief passera à Charles de Bodé. Pendant tout ce temps, les seigneurs de Hanau-Lichtenberg furent responsables des questions scolaires et religieuses et de la perception de la dîme, cette famille seigneuriale étant restée protestante. Leur blason orne le vitrail droit du choeur de l'église.

Le bailli de Geiger, intendant des Rohan-Soubise, occupera le château Binder, construit en 1750, l'actuel presbytère catholique. En 1726 a été construit par les Hanau-Lichtenberg l'actuel presbytère protestant.

L'EGLISE PROTESTANTE DE SOULTZ - SOUS - FORETS

L'histoire de l'église protestante de Soultz - sous - Forêts est intimement liée à celle seigneurs de Fleckenstein, car très tôt, Soultz fit partie de leurs territoires.

LES FLECKENSTEIN

Au Moyen Age, deux centres importants exerçaient leur influence sur l'Alsace du Nord: Haguenau et Wissembourg. L'abbaye de Wissembourg, fondée au 7ème siècle, possédait des terres à Hatten, Hohwiller, Kuhlendorf, Betschdorf, Surbourg, Ingolsheim, Kutzenhausen, et Merkwiller. Son influence diminue au 10ème siècle, alors que celle de Haguenau augmente à cette époque, surtout sous le règne des Hohenstaufen.

Les représentants les plus importants de cette famille impériale sont Frédéric le Borgne qui règne de 1105 à 1147 et Frédéric Barberousse, de 1152 à 1190. Ils ont souvent visité Haguenau, où ils avaient fait construire un château. Le proverbe dit de Frédéric le Borgne "qu'il traînait toujours un château à la queue de son cheval".

Ces deux seigneurs, ducs d'Alsace et de Souabe, pour protéger leur résidence de Haguenau, avaient fait construire au débouché des vallées venant de la Lorraine, des châteaux forts, dont les ruines subsistent encore de nos jours : Hohenburg, Fleckenstein, Falkenstein ... Ils y nommèrent des baillis, à la fois soldats et administrateurs, les "ministériaux".

Les Fleckenstein, mentionnés pour la première fois en 1129, furent de ces ministériaux qui ont fait souche dans ces châteaux et qui ont ajouté à leurs prénoms le nom de la place qu'ils occupaient. Le château de Fleckenstein fut élevé probablement entre 1116 et 1122.

L'origine de la famille des Fleckenstein nous est inconnue. Les historiens admettent que les premiers membres de cette famille furent les "rninistériaux" qui reçurent le titre de barons en 1467. Ces chevaliers, gardiens du château, ne restèrent pas confinés dans leur nid d'aigle, mais descendirent dans la plaine et s'emparèrent de vastes territoires.